La dame au nez pointu...

Photographe passionné à Buis les Baronnies

La dame au nez pointu...



 

Petite anecdote qui date de l’époque ou j’étais artisan photographe et ou il y avait encore des dinosaures.

La dame au nez pointu jette un regard noir aux photos de Sophie posées pêle-mêle sur mon comptoir, avant de déclarer, avec une pointe d’acidité dans la voix.
_ Pff, Vous faites du « nu » vous aussi … c’est la mode.
J’inspire à fond par le nez, et je tourne consciencieusement ma langue dans ma bouche avant de répondre.
_ Oui Madame, c’est la mode depuis qu’un bonhomme, au fond d’une grotte, a éprouvé l’envie de sculpter les courbes de sa bonne femme dans un os.
Comment lui faire comprendre à cette dame, qu’elle est venue au monde nue, comme tout le monde et que c’est bien là la preuve que la nudité est notre état naturel.
Que quelles que soient les richesses que nous pourrons accumuler au cours de nos vies, notre corps restera la seule chose qui nous appartienne réellement, notre seul « capital ».
Que tous les oripeaux et autres colifichets dont nous l’affublons, ne servent qu’à composer l’image que nous voulons donner aux autres, à afficher un statut social, une religion, des codes qui changent avec le temps et les modes et en définitive, trop souvent, à dissimuler ce que nous sommes vraiment.
Moi dont le corps a été chahuté par la maladie, il m’est arrivé d’avoir honte de m’être mal comporté, mais jamais de montrer mon corps, il est ce qu’il est, il est moi, il est tordu mais mon âme est droite. Il n’y a pas de vice à montrer son corps, le vice étant par essence ce que l’on cherche à cacher.
Il est beau le corps de Sophie, il est chaud, il est vivant et je suis fier de la confiance qu’elle m’offre en le dévoilant aussi simplement, pour que je puisse l’immortaliser et le montrer autour de moi, nimbé de toute la poésie qu’il reflète.
Ses formes naturelles n’évoquent à mon sens, que de la douceur, de la chaleur, de la sensualité et peut-être aussi du désir.
Et alors !?… n’en a-t-il pas fallu du désir pour que vous veniez au monde, madame.
Comment lui faire comprendre, à la dame au nez pointu, que ce n’est pas le superbe cul de Sophie qui est obscène, mais bel et bien le regard qu’elle y porte.